Korakot, le magicien du bambou

Korakot Aromdee est un designer thaïlandais qui transforme l'artisanat traditionnel en œuvres d'art fascinantes et raffinées. Récompensé par plusieurs distinctions en Asie, il nous raconte son parcours.

Parlez-nous de vous !
Je suis né dans un village de pêcheurs de la province de Phetchaburi en Thaïlande. Mais dès mon plus jeune âge, j’ai préféré attraper le pinceau plutôt que le poisson. J’ai toujours aimé l’art et en particulier le dessin. Je me suis donc tourné vers des études d'art. Après mon baccalauréat en beaux-arts et arts appliqués en peinture, j'ai décidé de poursuivre une carrière de designer à l'Université Burapha de Bang Saen puis à la Faculté des Arts Décoratifs de Silpakorn à Bangkok.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Je suis moi-même issu d’une famille de pêcheurs de génération en génération. Mon grand-père en particulier m’a appris à travailler le bambou et les cordes de chanvre pour réparer le matériel de pêche mais aussi pour réaliser des cerfs-volants traditionnels. Au moment de la mousson, il est impossible de sortir pêcher. Les pêcheurs mettent alors à profit cette période pour fabriquer des cerfs-volants en utilisant la même méthode de ligoté. C'est comme un sport et une tradition de pêcheurs.
C’est cette connaissance des techniques d'attache du XIIe siècle ainsi que mon intérêt personnel pour l'artisanat qui m’inspirent pour mes créations : des sculptures, lampes et décorations en bambou et fibre de chanvre, influencées par la culture thaï et réalisées en accord avec la décoration moderne. Aujourd’hui dans mes créations, j’utilise toujours les bases de fabrication des cerfs-volants que mon grand-père m’a enseignées.

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Comment travaillez-vous ?
J'ai fondé Korakot en 2006, avec la volonté d’allier design et artisanat local.
Tout se fait localement. Mon travail ne peut être produit par les systèmes industriels car c'est un travail artisanal qui se combine à plusieurs échelles.
Les pièces de bambou et les fils de chanvre sont fabriqués à partir de matériaux naturels. Je m'approvisionne localement dans les bassins fluviaux de Phetchaburi, que ce soit Ta Yang, Nong Ya Plong ou Ban Lad.
J'ai commencé par former une dizaine de villageois pour m’aider dans mon travail. Cela n’a pas été difficile car leur métier principal était en lien avec la pêche et ils étaient donc déjà habitués à créer des articles pour la vie quotidienne. Enseigner ces techniques, c'était comme éveiller les instincts qu'ils avaient déjà.

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Aujourd’hui, une quarantaine de villageois travaillent pour Korakot. Les travaux manuels délicats tels que le nouage sont plutôt effectués par des femmes car ils nécessitent concentration et patience. Ainsi plusieurs familles de la communauté locale reçoivent un revenu fixe. Cela améliore leur qualité de vie, renforce leur espoir dans l’avenir et atténue les problèmes de drogue et autres. L’idée est de travailler en équipe et de partager nos idées et nos expériences afin d'avancer ensemble vers notre objectif.

D’où vient le nom "Korakot" ?
De mon propre nom [Korakot Aromdee] ! Mon nom de famille signifie « bonne humeur » et j’ai trouvé que c’était de bon présage pour mes projets et mon inspiration.

Quels sont vos rêves pour l’avenir ?
J’ai la chance aujourd’hui de réaliser des pièces de décoration pour les particuliers mais également pour des hôtels, des restaurants de la région ou encore en Malaisie ou au Cambodge. Cet exercice à grande échelle nécessite une réflexion globale approfondie sur l'espace et l’environnement.
Demain, j’aimerai que l'art soit présent partout dans la vie quotidienne des gens.

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Crédit photos Korakot et The Cloud.