Essaouira Mogador : impressions de voyages

Alors que la ville est encore engourdie, prendre un « nesnes » (moitié café, moitié lait) à l’une des terrasses de la place Moulay Hassan ; majestueuse place éclaboussée de soleil dont le silence est régulièrement déchiré par l’entêtant cri des mouettes ; suivre leur mystérieux ballet dont le vol semble obéir à la douce et envoûtante mélopée des chanteurs Gnaoua.

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S’assoir quelques minutes ou quelques heures sur les remparts; méditer sur le sens de l’existence tout en s’extasiant de la beauté d’un monde rythmé par le ténébreux fracas des vagues.

Lové entre deux créneaux, à l’abri des caprices et des morsures du vent, s’abandonner aux délices d’une sieste voluptueuse bercée par la bienveillante caresse du soleil et le doux ressac de la mer.

Réprimer l’impérieuse tentation de sauter dans le vide et de plonger dans les vagues dont l’épaisse écume blanchâtre évoque furieusement la naissance d’Aphrodite et le fol espoir d’une renaissance.

Observez au loin le retour des bateaux de pêche et constater soudain avec joie, que l’on a faim !!!

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S’attabler au restaurant les Alizées en face des remparts pour s’y délecter d’un fabuleux couscous « saffa »(un couscous salé sucré assez rarement proposé à la carte des restaurants) ou bien d’un réconfortant tajine de boulettes de sardines, en compagnie de son chaleureux patron au regard rieur et au sourire franc.

Déambuler dans l’hypnotique décor du quartier juif au milieu des carcasses des maisons en ruines, dignes d’un Beyrouth en guerre, dont la beauté fanée évoque l’émouvant et douloureux souvenir des vies ordinaires de l’antique et florissante communauté juive d’Essaouira. Visiter la synagogue d’Haïm Pinto avec sa saisissante chaise de la circoncision, derniers vestiges encore intacts d’un monde à jamais disparu.

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Flâner à la nuit tombée dans l’une des rues de l’antique médina, les sens étourdis par les multiples effluves d’épices, de bois de thuya ou de poisson et se croire, un instant, revenu à la glorieuse époque du calife « Al Mansour » et des facétieux sultans.

Se réfugier quelques instants dans l’un des rares cafés de marins ayant survécus pour y observer subrepticement,entre les épaisses volutes de kif, les joyeuses parties de cartes de ces hommes durs, aux visages madrés par le soleil et les embruns.

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Jouir, tôt le matin du plaisir enfantin d’avoir les pieds dans l’eau en longeant la mer dans la direction du village de Diabbat, avec en ligne de mire l’intrigant rocher dit du « navire brisé ».

Faire halte, sur les coups de midi, dans l’un restaurant de la plage pour y déguster un bar de ligne ou des beignets de calamars, tout en observant d’un œil distrait les reflets argentés la mer.

Rebrousser chemin, à marée descendante, au moment de l’appel écorché du Muezzin, quand le soleil plonge soudain dans la mer et inonde le monde d’orange et constater avec effarement que l’on ne peut pas être plus heureux.

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   Contributeur : Fabrice H.
   Professeur de droit et sciences politiques, marathonien globe trotteur